Bruxelles
Babel-le : Hugo plagie Roubaud
Introduction
au débat « Toute littérature est-elle à contraintes ? »
par Robert
Rapilly
*
Maison du
Livre à Bruxelles le 31 octobre 2014, on a confié à une loterie de
type « bandit manchot » le soin de tirer au sort une page
du tome I des Œuvres poétiques
de Victor Hugo, Bibliothèque de la Pléiade, archétype irrécusable des lettres françaises. Le propos était, au
hasard, de vérifier que toute littérature soit à contraintes.
C’est tombé sur la page 1347, parmi les Notes
et variantes :
Sans
doute il vous souvient de ce guerrier suprême
Qui,
comme un ancien dieu, se transforma lui-même,
D’Annibal
en Cromwell, de Cromwell en César.
–
C’était quand il couvait son troisième avatar.
La suite est stupéfiante. En direct face au public bruxellois, nous avons activé le Gématron (cliquez sur le mot pour tester l’outil) de Gilles Esposito-Farèse. Cet automate électronique affecte aux lettres une valeur égale à leur rang alphabétique : A = 1, B = 2, C =3, […], Y = 25, Z = 26. Or, quel poids la machine a-t-elle affiché du quatrain de Hugo ? Cliquez à présent ici pour découvrir la réponse apparue à la Maison du Livre.
Ainsi le
texte dit-il en substance « 1802 : voici l’année où je
vais naître », en même temps qu’il totalise une gématrie =
1802. Exprès ? C’est possible : Hugo ne craint rien de
gigantesque, pas même les additions. N’écrit-il à son épouse
qu’il compte les marches en gravissant les tours de cathédrales en
Belgique ? Rien d’invraisemblable qu’à la mode scolastique,
où le pilier gothique démultiplié « raconte » la
superstructure flamboyante, il ait surchargé son texte de signes.
« Épigraphe
» combinerait ici double acception : « citation qui
indique l’esprit de l’ouvrage » et « date gravée en
façade du monument ». Maison du Livre à Bruxelles, on a risqué
une explication inédite au repentir de Victor Hugo quand il biffe
son quatrain : « Mon œuvre est suffisamment vaste,
pense-t-il, inutile d'y accoler l'infinitude de la littérature
potentielle ». Il aurait donc exonéré provisoirement la
littérature du premier
principe de Roubaud, composer un texte contraint en parlant de
cette contrainte : 1802 comme mesure et comme sujet de la
strophe.
*
À propos de l'épatant Gématron de Gilles Esposito-Farèse...
RépondreSupprimer1) rendez-vous ici http://www.gef.free.fr/gem.php
2) tapez dans la fenêtre « deux cent-vingt deux »
3) appuyez sur la touche « Gématrie ? »
4) goûtez au beau résultat.
Essayez encore avec cette phrase :
« Et un coup de dés jamais n’abolira le hasard à Mallarmé ! »
Lire « deux cent vingt-deux » et non « deux cent-vingt deux » tapé trop vite.
RépondreSupprimerou encore deux-cent-vingt-deux, selon l'orthographe nouvelle
RépondreSupprimer(www.orthographe-nouvelle.info.fr).
Contrairement aux apparences, c'est une simplification...