Dictionnaire
Vendredi 31 octobre 2014 avec A. Charcosset à l’Eau Chaude
La contrainte était d’utiliser tous
les mots d’une page de dictionnaire dans l’ordre en décrivant ou
mettant en scène un des mots mis en fluo.
Abreuvoir
Ce matin, j’avais
un abouchement dans une boucherie. Le boucher qui m’a abouché
était bouché et quand je me suis présenté, comme il était
bouché, j’ai dû me répéter. À force de répétition, l’eau
avait coulé et pas seulement sous les ponts. Moi qui souffrais déjà
d’anorexie, bon temps, mauvais temps, je commençai à souffrir
d’aboulie. Vous me direz, ce n’est peut-être pas la panacée,
mais c’est toujours mieux que de souffrir de boulimie. J’étais
donc aboulique et à vrai dire, presqu’à bout avec le boucher
bouché qui voulait me faire gouter de ses bouchées, mais je n’en
voulais pas une bouchée, car comme je l’ai dit plus haut en plus
d’être aboulique, j’étais anorexique. Je lui disais, lui
disais, mais vous pensez bien : bouché comme il était !
Il me trouvait charmant, je le trouvais acharné. Il a compris
décharné et il a abouté quelques abats et essayé de me les
enfoncer dans le gosier. Ca non plus, ça n’a pas abouti. Je lui
dis que « Sans doute que notre collaboration ne pourra
aboutir. » Une collaboration, une entreprise, il m’en
présenta les tenants et les aboutissants, la présentant comme un
aboutissement. L’abat dans la main, ma main dans l’autre, quand
soudain, le chien se mit à aboyer. Le boucher lâcha l’abat qui
s’abattit sur le chien aboyeur qui, pour si petit chihuahua,
produisait de la gueule des wafwaf bien abracadabrants et de la queue
de bien abrasifs mouvements. Abrasion donc. Mon abréaction ne se fit
pas attendre et pour abrégé, je me mis à couler. SI le
boucher était bouché, je ne l’étais nullement, ma vie s’en
trouva abrégée. Le chien, assoiffé par les abats, se rabattit sur
cette trop belle occasion d’abreuvement. Il se mit à s’abreuver,
alors que je mourais de ma belle mort. Le boucher s’écria :
« abreuvoir, vous êtes engagé. »
Mahité Orban
Crachoir
- Discours du crachoir, prononcé lors de la 5e conférence scientifique internationale sur le bien-être public
Contrainte inspirée d’Étienne
Lecroart ; placer dans un texte tous les mots d’une page de
dictionnaire, dans l’ordre, en partant du point de vue du mot
souligné (ici : crachoir)
Bonsoir Mesdames, bonsoir Messieurs,
Merci d’être venus si nombreux
manifester votre intérêt pour une problématique ô combien
délicate. Je commencerai par enrober le vif du sujet dans de vagues
précisions scientifiques, ardues mais indispensables pour démontrer
la rigueur de notre démarche, tant aux experts scientifiques
renommés qui nous honorent de leur absence, qu’aux bailleurs de
fonds qui nous attendent au tournant. Merci à la Région
Bruxelloise, à l’Ambassade de France, au Ministère fédéral de
l’Oulipisme durable, au Parti communiste et j’en passe.
Donc, je serai bref et concis, la
covalence ou plus exactement
la relation covalente des
atomes constituant les matières qui nous occupent, varie de manière
constante mais aléatoire selon l’humeur et la corpulence des
producteurs incriminés. Toutefois, dans la majorité des cas
observés jusqu’ici, la covariance
de ces deux éléments – matière produite et producteur – est
extrêmement élevée, ce qui ne peut que nous réjouir, quoique
modérément.
Cet aspect covariant
est particulièrement remarquable dans les contrées riches en
covaline, surtout lorsque
les autorités publiques ont établi, fait rarissime, un covenant
relatif aux droits et devoirs des citoyens en matière
d’expectoration – matière délicate s’il en est, on ne le dira
jamais assez.
Cette conclusion doit être
nuancée ; en effet, la convivialité favorise indubitablement
la covariance, d’après
les observations rigoureuses menées auprès de différents
sous-groupes de population, dont les covendeurs
et cover-girls adeptes du
covoiturage sont les
spécimen les plus remarquables.
De faibles différences de covolume
apparaissent en fonction de la latitude, mais elles sont négligeables
et nous les négligerons donc, ce qui est tout à notre honneur. Je
ne mentionnerai pas ici le cas très rare au point d’être unique,
d’un cowboy ayant eu un
contact idiosyncrasique avec le cowpox :
déjà allergique aux pommes cox,
ce malheureux fut atteint de douleurs coxales
confinant à la coxalgie et
termina sa triste existence coxalgique
dans des souffrances atroces dues à une coxarthrose
non détectée. Que Dieu garde ce coyote
en son Saint.
Mais je m’égare et les plus courtes
sont les meilleures, CQFD.
Revenons donc à notre sujet. Parmi les
matières étudiées, certaines ont la consistance d’un crabe
légèrement cuit au four, d’autres celles d’un excrément de
crabier bipolaire. D’autres
encore, plus compactes, évoquent un crabot
– j’ai d’ailleurs connu personnellement un producteur fanatique
de crabotage, mais ceci est
une autre histoire.
Venons-en à l’essentiel. Dans tous
les cas de figure, la production de la matière exige une technique
fine de raclure pulmonaire dont la nature quasi vomitive entraîne un
son bien spécifique quoique surtout variable selon les sujets.
Approximativement : « Crac »,
et la matière, que nous appellerons ici crachat
pour plus de clarté, se déploie dans toute sa voluptueuse majesté,
encore plus vigoureuse si elle est craché par temps froid et humide.
Les crachements
du bas peuple bruxellois sont parmi les plus onctueux au monde. Le
constat est clair, mais les causes encore mal connues, ce qui plaide
pour une poursuite des investigations et des crédits subséquents.
Ce qui est sûr, c’est que les ketjes des quartiers populaires
crachent de manière
volubile et pour ainsi dire royale : ce sont le plus souvent des
cracheurs convaincus de leur
bon droit, libres et fiers, infiniment plus impétueux que les petits
bourgeois du haut de la ville.
Ces derniers ne produisent que des
crachins malingres et
circonspects, ce qui trahit l’hypocrisie propre à leur classe –
terme hélas banni dans la plupart des analyses politiques actuelles,
mais que nos racines marxistes ne permettent pas de passer à la
trappe, ce qui amène bien sûr nos détracteurs à mettre en doute
la neutralité de nos recherches – objection facile et fallacieuse
que nous accueillons avec le dédain qu’elle mérite.
Une analyse qualitative en cours
suggère que les crachats parcimonieux des petits-bourgeois du haut
de la ville signaleraient une certaine ambivalence de leur part ;
cette hypothèse reste à investiguer ainsi que les crédits
subséquents. Dans tous les cas, et quelle que soit la cause du
phénomène observé chez les sujets appartenant à cette classe
sociale, force est de constater qu’ils crachinent
les yeux baissés ou de travers, ratant leur cible la plupart du
temps.
Leurs crachats
aboutissent dès lors sur le trottoir, au grand dam des touristes
généralement abondants dans notre belle capitale, qui ont tendance
à incriminer le bas peuple, ce qui est une injustice profonde contre
laquelle nous ne cesserons jamais de lutter. Nous sommes, nous les
crachoirs que j’ai
l’honneur de représenter ce soir avec exubérance et conviction,
les mieux placés pour affirmer que le bas peuple reconnait et
soutient, avec une constance opiniâtre, le rôle prépondérant que
nous jouons dans la cité.
Merci pour votre attention.
Marianne Prévost
Monologue
de la gouttière
« Le goûter
est servi », dit un félin que j’abrite. Mais il est
méfiant : « Où donc reste le goûteur ? ».
Ce chocolat chaud lui paraît pourtant bien goûteux. Osera-t-il
en laper une goutte, rien que pour voir ? Hélas, il ne
peut même pas sur ce point demander l’avis de son vieux maître,
qui n’y entendrait goutte, cloué qu’il est au lit par la
goutte. Il en souffre d’ailleurs beaucoup, mais a pourtant
refusé le goutte-à-goutte que son médecin voulait lui
prescrire.
Cette vieille
demeure gothique est très humide. En minces gouttelettes, la
pluie d’automne goutte le long de ses murs
gouttereaux. Depuis que son propriétaire, devenu vieillard
goutteux évitant les mets goûtus, a remis à son
successeur le gouvernail de son chalutier, la gouvernance
de sa maison laisse fort à désirer, et le poisson tant prisé
par mes chats n’y est plus que très rarement servi. Nos
gouvernants, hélas, n’y pourront rien changer, et la
gouvernante ne peut que lever au ciel pluvieux ses bras
décharnés.
Jean-Claude Kœune
Bénitier
Allez, c’est reparti, foi de
bénitier !
Alors… ce dimanche matin… au-dessus
de moi, qu’ai-je ?
Voyons…
Le benjamin d’une
famille, dont la marraine est championne de benji, le
parrain se shoote au benjoin et les parents, sdf,
dorment dans une benne.
Le bébé me sourit, tout benoît.
Sur sa robe de baptême est brodée une splendide benoîte.
Qui se ressemble s’assemble…
Sait-il, ce bébé, qu’il va être
plongé dans une eau benthique, pleine de
microorganismes statiques et purulents, de ce benthos
que n’avalerait même pas un amateur de bento, dans
ce liquide où flotte, entre deux eaux, de la bentonite
gonflée à la benzédrine ou du benzène
benzénique, à moins que ce ne soit du benzine
de Mercedes Benz ou encore du benzoate.
Ce qui est sûr, c’est que dans cette
eau, il y a des miasmes, des benzodiazépines que le
prêtre a postillonnés lors du précédent baptême. Si, en plus, le
parrain lâche quelques expectorations benzoïques où
la marraine quelques effluves de Benzol, l’enfant
sera à coup sûr atteint de benzolisme.
Le médecin de quartier, qui est un
véritable béotien (si, si, il est vraiment atteint
d’une forme sévère du béotisme), n’ayant
vraisemblablement ni BEP ni BEPC, qui ne
pense qu’à béqueter et ne rêve qu’au nouveau
béquet de sa BM, ce médecin donc sera infichu de
trouver la cause de l’infection du gamin. Mais c’est l’Église,
espèce de béquillard ! Rhaa, ce type, quand j’y
pense, il fournirait des béquilles à un navire
tanguant sur son ber pour qu’il garde son équilibre !
Il proposerait à des Oulipiens berbères une balade
des fontaines à Bruxelles puis, en lieu et place d’un bon
purgatif, leur prescrirait du berbéris (aussi appelé
épine-vinette) et leur en expliquerait l’application en
brusseleir. Mais bon sang de bois, ils sont berbérophones !
Allons, allons… voilà que je
m’énerve, je digresse. Revenons à notre sujet. Arrosons cet
enfant dont, apparemment, la mère chauffe et le bercail.
Michel Charlier
C comme ça…
Je
vois tout ça du fond de moi-même, à l’abri de ma bordure.
Dans
le hall, le jury attend les candidats-ates (entre parenthèses, comme
il se doit…).
Le
premier d’entre eux entre, serrant contre son cœur le double de
son dossier de candidature, relu une dernière fois sur le trottoir.
Un homme genre candide qui susurre candidement un bonjour alentour,
en louchant sur son nez rongé par une candidose visiblement
solidement installée. Le Candida
albicans
s’est candi à l’orée de la narine gauche.
Le
sang du membre brésilien du jury ne fait qu’un tour. Il griffonne
sur son calepin : « Lui recommander une bonne séance de
candomblé suivie du sacrifice d’une cane blanche immaculée au
sein d’une canebière bien touffue. À défaut de cane, une
canepetière cambodgienne fera l’affaire. Recueillir tout le sang
dans une canéphore et l’instiller dans la narine infestée jusqu’à
plus soif. Attendre l’effet attendu. Renouveler l’opération deux
jours plus tard, si nécessaire. »
Sous
les regards qui scrutent son trou de nez gauche, la moitié des jurés
assis du mauvais côté devant se pencher légèrement, le candidat
est prêt de caner. Le fil de son discours s’embrouille, le
canetage de son exposé fait des nœuds.
Par
chance, inopinément mais néanmoins superbement, une canetière
pénètre dans le hall, tenant en laisse un caneton posé sur un
caneton miniature à roulettes, suivi d’une canette qui se dandine
tenant en son bec une canette de Jupiler.
La
laisse lentement se dévide d’une canette de fil doré, de ce fil
dont on fait les canevas qui ornent si finement les canezous
provençaux mais aussi les voiles des canges voguant paresseusement
au fil du Nil.
Entretemps,
un caniche qui m’a pissé dessus pointe la truffe à la recherche
d’un peu d’air frais dans cette atmosphère caniculaire du mois
de juillet. Il importe de préciser ici que cette canicule a déjà
occis trois vieux et quelques, aubaine pour les canidés errants qui
trainent dans les caniers. Coup de canif dans la moralité, soit,
mais… ce serait une autre histoire. Pour l’heure, avant de
prendre la fuite, mon canidé sort sa canine à l’approche d’une
caninette émergeant d’une sorte de canisse, caninette savamment
manœuvrée par un homme en vert à la canitie naissante.
Et
moi, caniveau de mon état, à l’abri de ma bordure, je m’endors,
des cannas en fleurs plein la tête, enivrée des effluves
cannabiques subtilement exhalés par un fumeur de cannabis qui attend
son tour.
Josiane
Thibault
Le monologue de la fontaine.
Page de dictionnaire
Vous voulez que je vous dise, c'est
très ennuyeux à la longue de trôner au milieu de ce parc, que je
ne vois même pas bien d'ailleurs, vu qu'à travers les gouttelettes
que je dispense à profusion, le paysage a l'air complètement fondu.
Tiens, ça me fait pense à ce couple de suisses qui sont passés
hier, c'est de ça qu'ils parlaient, de fondue, et ils avaient
eux mêmes l'air de blocs de gruyères, pouah ! le touriste est
une espèce éminemment fongible, l'un franchement, remplace
l'autre sans inconvénient, le problème, c'est qu'il y en a tout le
temps, ah, c'est pas drôle, surtout qu'à part ça on ne s'occupe
pas de moi, on me néglige. J'ai la pierre qui me gratte et de la
mousse plein les tuyaux, j'aurais bien besoin d'un coup de fongicide,
d'autant que sur une de mes grenouilles, là en bas, oui, car j'ai
des grenouilles, pas des vraies, encore heureux ! Donc sur une
de mes grenouilles, disais-je, j'aperçois quelque chose qui pousse,
une éminence quelque peu fongiforme, va falloir qu'on me
débarrasse de ces trucs là. Je hais, mais je hais tout ce qui est
fongique, le champignon est mon ennemi juré, et ça fait
longtemps que mon traitement fongistatique, soit disant cent
pour cent imparable, ne fait plus aucun effet. Le pire, c'est les
fongosités qui se développent dans les creux et les
interstices, les excroissances à l'air fongueux. Une fois
j'ai été prise d'une attaque violente de fongus, il a fallu
appeler les pompiers, c'était pas fonne, moi j'vous le dis,
des pompiers pour une FONTAINE, vous parlez d'une rigolade.
J'ai une amie qui est fontaine au château de Fontainebleau,
elle me dit que là-bas c'est impeccable, les fontainiers sont
aux petits soins, ils lui briquent la fontanelle avec amour,
lui font des coiffures à la fontange pour ses nymphes avec
des petits fils de laiton, c'est chou. J'ai des amis italiens aussi,
les Fontanili, une famille de sources du meilleur monde. Vous
vous demandez comment ça se fait que j'ai des amis comme ça
partout, vu que question mobilité, hein …ouais, bon, je ne
vous le fais pas dire. Eh bien voilà, c'est que nous sommes tous
issus de la même fonte, du moins pour ce qui concerne nos
parties métalliques, qui par ailleurs ne sont pas en fonte,
mais en bronze, c'est plus noble, et puis la fonte ça
rouille, et la rouille, c'est encore pire que les champignons.
N'empêche que pour récurer tous ces champignons, va falloir
creuser, aller voir dans mes fondations, parce que là j'ai
l'impression qu'il y a quelque chose de bouché. J'espère qu'ils
vont y aller mollo en creusant, je ne voudrais pas être victime
d'un fontis, cet effondrement calamiteux. Cela arrive parfois.
Ah que je regrette le temps de ma jeunesse, je ne connaissais pas
encore l'ennui, quand on m'a portés sur les fonts. Oui, car
les fontaines se baptisent, comme les bateaux, parfaitement. C'était
une belle cérémonie, avec rubans, flonflons et tout. Comme c'était
l'année de la coupe du monde de football, mon parrain,
c'était un célèbre footballeur, la classe ! Pas que
j'aie spécialement de goût pour les footeux, remarquez, mais
bon, on fait avec ce qu'on a. Et puis ça vaut toujours mieux que
tous ces connards qui font leur footing dans le parc. Ah,
s'ils savaient ce que je pense dans mon for intérieur, je
voudrais miner le terrain à coups de forages pour qu'ils se
cassent la figure, tiens, ça leur ferait les pieds. Ha ha, les
pieds, footing, marrant non ? Franchement, à tout prendre, je
préfère encore les forains, ils ont plus pittoresques. L'an
dernier, il y a eu toute une fête foraine qui s'est installée
dans le parc, avec même une ménagerie de touts petits animaux
foraminés, ça veut dire percés de petits trous, c'est là
que je l'ai appris, fallait un microscope pour les voir, des
foraminifères, que ça s'appelle, moi je les ai pas vus, mais
on m'a raconté.
Merde, mais qu'est-ce qu'il fait ce
type, mais il me pisse dessus, ma parole ! Ah le forban,
y a donc personne pour le chasser par forçage ? Des
types comme ça , je te les enverrais aux galères, tiens, si je
pouvais, j'en ferais des forçats, ça apprendrait la
politesse. Non mais quelle vie de chien tout de même, la vie de
FONTAINE.
Irène Ruszniewski
Fondu
de moi, le touriste, fondue
tout court, la neige qui me recouvrait, et fondue
encore, ce que les touristes précédemment cités mangent à la
brasserie d’en face en me regardant amoureusement. C’est qu’on
m’aime, moi, je ne suis pas fongible,
non, je suis éternelle. Enfin, j’essaie. J’essaie aussi
férocement que les champignons que nulle pommade fongicide
ne parvient à détruire. Je suis éternelle donc, et belle, aussi,
avec ma carrure fongiforme.
Ma végétation fongique
en effraie plus d’un, surtout du côté de la commune, laquelle
m’administre alors un bon coup de fongistatique ;
là-bas, ils n’ont pas l’air de se rendre compte que ça fait
partie de mon charme. Suite à cette terrible médicamentation, une
fongosité
est apparue sur ma pierre ; un petit bout fongueux,
une minuscule surface fongueuse,
mais croyez-le ou non, j’aime ce fongus.
Ah ça oui, ensemble, c’est le fonne.
Lui fongus,
moi fontaine,
on se marre bien. D’ici quelques mois, on se fera des petits
gueuletons j’en suis sûre, à coup de fontainebleaux.
Pas besoin de fontainier,
juste lui et moi. Pas de fontanelle
entre nous, plutôt une fusion. Pas besoin de fontange
non plus, il m’aime comme je suis, au naturel. Mais pour lui, je
ferais beaucoup : j’ai déjà quitté mes fontanili.
Parfois, je me sens tellement amoureuse que je fonds. Sens figuré,
bien sûr, parce que la fonte
de la fontaine, on aurait l’air con. Ma vie pulse et chaque regard
de sa part me fait l’effet d’un fontis.
Ah ! Je n’aurais pu rêver d’une meilleure vie. Non,
décidément, même aux fonts
baptismaux, je n’ai rien à envier. Je suis heureuse comme un
supporter de football
qui voit son équipe gagner.
Amélie Charcosset
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